Poésie québécoise

Albert Lozeau (1878-1924

Les Amitiés

J'attends. Le vent gémit. Le soir vient. L'Heure sonne
Mon coeur impatient s'émeut. Rien ni personne.
J'attends, les yeux fermés pour ne pas voir le temps
Passer en déployant les ténèbres. J'attends.
Cédant au sommeil dont la quiétude tente,
J'ai passé cette nuit en un rêve d'attente.
Le jour est apparu baigné d'or pourpre et vif,
Comme hier, comme avant, mon coeur bat attentif.
Et je suis énervé d'attendre, sans comprendre,
Comme hier et demain, ce que je puis attendre.
J'interroge mon coeur, qui ne répond pas bien...
Ah ! qu'il est douloureux d'attendre toujours - rien !